Sur les chantiers de l’éternité / Vendredi 16 juillet 2021 à 21H et samedi 17 juillet à 22H

espace et direction d’acteur            : Audrey Bonnet

écriture et interprétation                  : Mathieu Genet

création sonore                               :  Romain Kronenberg

création lumière                              :  Emmanuel Ray et Audrey Bonnet

1. Écriture 

En parallèle de mon travail de comédien, j’écris. Le plus souvent,  il s’agit de prolonger des sensations ou des interrogations liées au métier d’acteur. Un exercice pour enrichir le jeu. 

Parfois , l’exercice va plus loin : des situations  se dessinent,  des textes et le désir de les dire,  s’imposent. 

Ce fut le cas en 2014 avec Les Météores: travail d’écriture qui avait  donné lieu à un spectacle crée et joué par Audrey Bonnet, Jonathan Genet, et moi-même . 

C’est le cas aujourd’hui avec Sur les Chantiers de l’éternité, texte que j’interpréterai et qui sera mis en scène par Audrey Bonnet. 

Il s’agit donc d’une écriture qui naît du travail de l’acteur, en interroge les limites et  tente d’en élargir les possibilités. 

Synopsis

My-Name-Is  travaille sur les Chantiers de l’éternité. Une utopie créée par une communauté  d’ artistes, de scientifiques et d’ historiens . 

Un jour, sentant leur aventure s’enliser, les fondateurs de ces  Chantiers ont décidé de partir. 

De son côté, My-Name-Is a choisi de rester :  devenir le témoin de cette utopie, la raconter pour continuer à la faire exister. 

Présentation

C’est l’histoire d’un lieu: les Chantiers de l’Éternité.  Une utopie artistique , scientifique et humaine. 

Un seul acteur.  Une adresse directe au public. Une nécessité de raconter cet espace  où  pendant longtemps, des chercheurs ont conçu des projets repoussant les limites dans de nombreux domaines.

C’est  My-Name-is, l’enfant qui a grandi sur ces Chantiers, qui nous raconte cette histoire et celle  de tous les autres ouvriers : Céleste le sculpteur sur vide,   Max le dompteur d’instants,   Polhymnie qui compose l’hymne universel,  Itzuko l’architecte des refuges pour se perdre, Mister History  et beaucoup d’autres…

Le récit fait apparaître les constructions sur lesquelles  les ouvriers avaient travaillé, il fait renaître leurs improbables projets, leurs victoires sur une perception commune du monde.  

La scène devient alors  un nouveau chantier. Et raconter, jouer , apparaissent comme les outils permettant de prolonger l’utopie.  

L’acteur ouvre une voie singulière  entre poésie, humour, récit, jeu et cherche cet équilibre qui permet d’entrevoir des points de vue vastes et porteurs d’élans créatifs. 

2. L’utopie comme moteur de création

Définition : 

Utopie :       mot forgé par l’écrivain anglais Thomas More à partir du grec ou et topos, ce qui signifie: « en aucun lieu ». 

                     mot désignant un idéal, une vue politique et sociale qui ne tient pas compte de la réalité

                     conception ou projet qui paraît irréalisable. 

« Ce qui me plaît au théâtre , c’est l’impossible. Il n’y a de mise en scène que quand il y a  la mise en scène de l’impossible. Je crois qu’il n’y a ‘Art’, que lorsqu’il y a la contrainte qui rend la chose impossible dans des conditions ordinaires,  et par conséquent, qui permet d’inventer ce que j’appellerais : la nécessité vertu.»  

 Antoine Vitez 

Sur les Chantiers de l’éternité  propose au lecteur et au futur spectateur une expérience similaire à celle de l’utopie : une échappée hors des limites de ce que nous savons et pouvons faire. Il creuse l’idée que l’imagination est un chemin pour modifier ou inventer le réel. 

Mais l’expérience va aussi plus loin. Les Chantiers de l’éternité proposent une utopie qui serait  comme « poussée à son comble ». Les projets décrits dans le texte et sur lesquels travaillent les ouvriers sont presque toujours irréalisables. Sculpter le vide, dompter l’instant, composer un hymne pour l’humanité entière, construire des refuges pour se perdre etc.

Cette confrontation à l’impossible ouvre un espace d’humour: il y a presque un concours au projet le plus improbable. Le plaisir du texte vient de cette démesure de l’imagination. Cette capacité à mettre des mots, des images sur l’improbable. 

Cette volonté «d’entretenir» l’impossibilité,   constitue aussi une sorte de résistance. Une façon de maintenir un état de création. Un état d’éveil . 

Comme si le théâtre naissait justement de cette impossibilité . Un projet est nommé , il semble impossible à réaliser, et même à représenter… Tout le jeu va consister à s’engager pleinement, malgré tout,  pour le faire exister. 

My-Name-Is ou l’enfant des chantiers raconte que cette utopie est le seul endroit d’où il  n’a pas envie de fuir, et que le groupe des personnes qui ont fondé cet endroit est la seule famille au sein de laquelle il s’est senti à sa place. C’est sans doute le vrai moteur du texte :  certains êtres ont besoin  du non-sens et de l’absurde, d’un espace indéfini ,  pour se construire.

3. Espace de projection

Le texte n’est pas seulement un récit .  My-Name-is  incarne les figures dont il parle  et  prolonge leurs œuvres. 

Mais il n’impose pas sa vision , il laisse chaque spectateur  se créer son propre chantier.  

Pour My-Name-Is, raconter ne consiste donc pas à « donner à voir le film des Chantiers »  , mais à devenir un espace de projection. 

L’acteur  devient conteur-personnage-régisseur-conférencier – guide de musée- œuvre lui-même

« Mettre en scène Mathieu Genet, c’est chercher la dramaturgie du texte qu’il a écrit, à l’intérieur de l’acteur qu’il est. Créer l’espace en lui. L’éclairer pour qu’il devienne l’espace de projection et d’imagination pour  celle et celui qui l’écoutent. Et le guider pour qu’il puisse jouer partout, sur les théâtres, dans les champs, et les no-man’s land. » 

Audrey Bonnet